LA TETE DE SAINT-JEAN BAPTISTE

Classée au Ministère de la Culture au titre d’objet en 1905.

Eglise Saint-Aignan de Poilly-sur-Serein

Cette représentation fut offerte à l’église Saint-Aignan de Poilly-sur-Serein par Jules-Charles Ernest BILLAUDOT qui y est né en 1829 et y fut enterré en 1881. La personnalité de ce dernier est complexe. Son surnom « Le Mage Edmond » qui apparaît au fil du temps par la clientèle qui revient toujours le consulter, illustre le succès de ses prédictions. C’était un voyant respecté et un homme admiré dans la Capitale.

La sculpture restera sur la table d’offrandes de l’église jusqu’à la fin des années 1990. 

Il s’agit d’une sculpture en bois, taillée polychrome dans un plat de forme ronde, montée sur un pied mouluré à huit côtés, qui présente inclinée, la tête à longue chevelure et barbe, montrant la section du col saignant, une œuvre réalisée dans le premier quart du XVe siècle.

Ayant subi par le temps quelques dommages, le maire de l’époque prit l’initiative de la faire expertiser à Auxerre pour sa restauration éventuelle. L’expert l’ayant examinée  déclara qu’il n’était pas possible de la rénover. Elle revint dans son village et resta oubliée pendant de nombreuses années.

 A sa place, fixé sur un plateau, un moulage plâtre, réplique exacte de l’original, fut installé à l’église Saint-Aignan. Qui avait réalisé ce moulage ? Nul le sut.

La Maire actuelle a relancé les consultations auprès de restaurateurs recommandés par la DRAC Grand Est  (Direction régionale des affaires culturelles) dans le but de la remettre rénovée dans l’église Saint-Aignan.

L’Association Compagnons du  Serein va accompagner la mairie pour trouver les financements et collecte déjà des fonds lors de chaque manifestation (randonnées, Journées européennes du Patrimoine, repas Saint-Eloi, Loto de Noël, etc.).

 Un peu d’Histoire :

Les miracles de têtes coupées des martyrs attestent la force vivante qui y réside :

Les péripéties de la tête coupée de Jean Baptiste sont l’objet de plusieurs récits d’inventions et de translations en Orient et en Occident. Le thème des têtes coupées est omniprésent dans les légendes hagiographiques et se matérialise par les chefs reliquaires.

Les translations et inventions de la tête tranchée de Jean Baptiste doivent être présentées à part. Précurseur du Christ et martyr, il est aussi l’archétype de toutes les victimes des persécutions chrétiennes. Selon la première version de la légende de sa translation, rapportée par Sozomène au IVe siècle, sa tête fut emportée d’abord à Jérusalem, puis en Cilicie. L’empereur Valens ordonna de l’apporter à Constantinople ; mais les mules qui tiraient le chariot avec la relique s’arrêtèrent à Pontichion près de Chalcédoine. Elle y resta jusqu’à l’époque de Théodose le Grand, qui se rendit à cet endroit et persuada la gardienne de la tête de la lui céder. Il l’emporta à la capitale vers 390 et fit construire pour elle l’église de l’Hebdomon, située à sept lieues du Forum de Constantin.

D’après une autre version, la tête fut retrouvée suite aux révélations de Jean Baptiste. Il apparut d’abord à deux moines, en pèlerinage à Jérusalem, en leur ordonnant de se rendre à l’ancien palais d’Hérode pour y découvrir sa tête. Les moines obéirent, repartirent avec la tête, mais, sur leur route, ils rencontrèrent un potier qui leur prit la relique et l’emporta à Ephèse sur la côte ouest de l’Asie Mineure. Avant de mourir, il laissa la relique à sa sœur. Puis la relique passa en possession d’un moine arien près d’Emèse (actuellement Homs, Syrie). Il l’utilisa pour faire des miracles en s’attribuant le pouvoir thaumaturgique de la relique. Sa tromperie fut dévoilée et il fut chassé de la ville ; mais avant de partir, il cacha la relique dans une grotte. Plus tard, Jean Baptiste apparut et révéla la cachette à l’higoumène du monastère ; vers 450, l’évêque d’Emèse, Uranicus, procéda à l’élévation de la relique. Selon un autre récit, c’est Justinien, qui fit restaurer l’église de l’Hebdomon, qui la fit venir à Constantinople, avec la main de Jean-Baptiste qui se trouvait à Antioche. Suivant une autre version, la tête fut d’abord emportée d’Emèse à la ville de Comane dans le Pont, et c’est l’empereur Michel III (842-867) qui la retrouva et la fit apporter à la capitale.

Aux IXe-Xe siècles, la tête était conservée dans le monastère Saint-Jean-Baptiste de Stoudios, l’un des plus importants de Constantinople. À la fête de la Décollation, le 29 août, la cour impériale s’y rendait pour vénérer la relique. En 1025, l’higoumène du monastère, Alexis, apporta la tête à l’empereur mourant Basile.

En Occident, on redécouvrit la tête de Jean Baptiste en 1016 dans le monastère d’Angély (Charente-Maritime). Une légende raconte l’arrivée miraculeuse de la tête de Saint Jean-Baptiste en Aquitaine par la Méditerranée. À l’époque de Pépin, roi d’Aquitaine (814-838), un ange apparut à un moine appelé Félix à Jérusalem, et l’envoya à Alexandrie pour y retrouver la tête du Précurseur ainsi que les corps de trois saints Innocents ; il devait les transporter en Gaule, dans la région d’Aquitaine. Le moine et ses compagnons partirent pour Alexandrie, prirent les reliques qu’ils enfermèrent dans une corbeille. Arrivés en cachette au bord de la mer, ils y trouvèrent un navire « préparé par Dieu », avec des rameurs et un gouvernail. Une colombe blanche, assise sur la poupe du bateau, les accompagna jusqu’à leur arrivée au port d’Angoulins (côte atlantique, Charente-Maritime), au moment où le roi Pépin combattait les Vandales (en réalité, il s’agissait des Vikings). Grâce aux reliques, vingt hommes tués dans la bataille furent alors ressuscités. Le Guide du pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle souligne que lors de sa translation, le chef « sur mer, il chassa bien des tempêtes »

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